Le Médiéviste et l’ordinateur
Le Médiéviste et l’ordinateurHistoire médiévale, informatique et nouvelles technologies
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N° 44, 2006 : Les Systèmes d’information géographique

Système d’information géographique et espace rural médiéval :
l’utilisation du logiciel MacMap dans la reconstitution du parcellaire de la Plaine de Caen

Auteurs

Thomas Jarry
t.jarry@wanadoo.fr
UMR 6577 (CNRS/Université de Caen Basse-Normandie) et Centre Michel-de-Boüard – CRAHM

Benoît Ogier
benoit.ogier@cbconseil.com
Carte Blanche Conseil, Paris

Citer cet artcile

Thomas Jarry et Benoît Ogier, « Système d’information géographique et espace rural médiéval : l’utilisation du logiciel MacMap dans la reconstitution du parcellaire de la Plaine de Caen », Le Médiéviste et l’ordinateur, 44, 2006 (Les systèmes d’information géographique) [En ligne] http://lemo.irht.cnrs.fr/44/parcellaire-caen.htm

Mots clés

SIG, espace rural, plans parcellaires, cadastre, livres fonciers

Sommaire

Introduction

Les travaux historiques sur le thème de l’organisation de l’espace par les hommes à l’époque médiévale ont souvent été limités dans le domaine de la représentation cartographique. Or le passage par l’image apparaît indispensable à une compréhension fine des phénomènes et on ne peut plus se contenter de celles habituellement disponibles, le cadastre dit « napoléonien » ou les plans-terriers du xviiie siècle. Les plans parcellaires et les cartes à grande échelle ne sont pas inconnus au Moyen Âge1, mais ils ont été conservés en petit nombre. À une exception près connue à ce jour2, cette image n’existe pas pour le Moyen Âge en Normandie : il est donc nécessaire de la reconstituer à l’aide des textes disponibles.

Une démarche de ce type impose de regrouper les sources sur la longue durée, du Moyen Âge à la Révolution française. Le fonds de l’ancienne abbaye Saint-Étienne de Caen, conservé en grande partie aux Archives départementales du Calvados, renferme une collection intéressante de livres fonciers. Le croisement et le traitement de sources textuelles et cadastrales sont rendus possibles par l’utilisation de l’outil informatique : il s’agit d’un système d’information géographique appelé MacMap®.

En exposant les sources à disposition du chercheur et en expliquant les potentialités du logiciel, nous montrerons la pertinence et la validité de la reconstitution d’un parcellaire médiéval, à travers l’exemple d’une dizaine d’hectares de l’actuelle commune de Rots3.

Les livres fonciers de l’ancienne baronnie de Rots

Rots est une commune actuelle du Calvados, dans la Plaine de Caen, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de département (Figure 1) ; elle est traversée par la Nationale 13 et par la voie de chemin de fer de Paris à Cherbourg. Avant la Révolution, le territoire de Rots appartenait pour partie à l’abbaye Saint-Étienne de Caen. Il constituait l’assise foncière d’une des seigneuries les plus importantes de l’établissement ecclésiastique, présente dans le patrimoine de l’abbaye dès sa fondation par le duc Guillaume, sans doute vers 1063 ; vers 1066-1067, le prince confirme les biens de Saint-Étienne, dont le domaine de Rots et ses dépendances4.

Les Archives départementales du Calvados conservent un riche fonds pour l’abbaye de Caen. On y trouve particulièrement trois livres fonciers :

  1. un terrier de 1479, registre de 283 folios de parchemin, surnommé « marchement » en raison des premiers mots du texte : « Cy ensuit le marchement et declaricion du terrour de Roos, tant en ville que en champs, fait en l’an 1479 par religieux homme et honneste dam Martin Le Frere, tresorier du moustier et abbaye de Saint Estienne de Caen […] » (Arch. dép. Calvados, H 3226).
  2. Un terrier de 1666, registre de 301 folios de papier, illustré de dix-sept plans parcellaires en couleur dressés par l’arpenteur-juré Pierre Legendre (Arch. dép. Calvados, H 3229). Un plan général en couleur, de 2,90 x 1,50 m, est conservé sous la cote Fi H 3222.
  3. Un terrier de 1769, registre de 142 folios de papier, illustré de dix plans parcellaires en couleur dressés par l’arpenteur-juré Pierre Gervaise (Arch. dép. Calvados, H 3254)5.

Chacun de ces terriers décrit précisément toutes les parcelles du finage de Rots, champs comme villages, tenures comme réserves, et sans distinction de fiefs. C’est un des rares cas en Normandie pour lesquels la description ne s’arrête pas aux seules terres dépendantes de l’abbaye commanditaire du terrier : le « marchement » couvre la seigneurie de l’abbaye de Caen et le « fief Semion » qu’elle a acheté en 13886, mais aussi la seigneurie de l’abbaye Saint-Ouen de Rouen dans le même territoire.

Cet ensemble constitue un corpus documentaire homogène : les livres fonciers sont tous issus de la même institution ; ils sont continus chronologiquement et il apparaît que l’arpenteur du xviiie siècle s’appuie sur le travail de son prédécesseur [Jarry 2003] ; ils couvrent le même espace de manière complète. Ils apparaissent donc adaptés à une tentative de reconstitution régressive : restituer une image du parcellaire du xve siècle, tel qu’il est décrit dans le premier terrier. Pour reconstituer des évolutions historiques en les étudiant à rebours du sens chronologique, on part des plans les mieux connus, le plan cadastral le plus récent7 et le plan cadastral du xixe siècle (1835)8. Pour chaque étape, on compare des pièces qui donnent l’état des biens fonciers, en prenant toujours la plus récente comme point de départ, pour évaluer et interpréter un terrier plus ancien, et ainsi de suite de proche en proche.

Utilisée pour la première fois à grande échelle par August Meitzen dans son ouvrage Siedlung und Agrawesen der Westgermanen und Ostgermanen en 1895, la méthode a été promue en France entre les deux guerres par Marc Bloch [Bloch 1931] et Roger Dion [Dion 1934]. En Normandie, elle a été illustrée après la Seconde Guerre mondiale par Folke Dovring [Dovring 1952] puis par André Plaisse [Plaisse 1961 et Plaisse 1964]9, sans qu’aucun des deux auteurs puisse remonter jusqu’à la reconstitution d’un parcellaire médiéval. Plus récemment, la méthode a été mise en œuvre par Samuel Leturcq [Leturcq 2001].

Afin de comparer les états parcellaires les uns avec les autres, on s’appuie sur les points solides de continuité :

Tableau 1. Conversion des mesures de superficie antérieures au système métrique
mesure ancienne multiple mesure actuelle
1 acre (1 a.) 4 v. 64,82 ares
1 vergée (1 v.) 40 p. 16,20 ares
1 perche carrée (1 p.) 20 pd. 0,81 ares, soit 81 m2
1 pied carré (1 pd.) 12 pouces 0,067 ares, soit 6,7 m2

Une fois la méthode mise en place, le traitement des données peut commencer : les deux mille parcelles à chacune des époques étudiées nécessitent la construction d’un outil informatique adéquat.

L’utilisation du Système d’Information Géographique MacMap®

SIG , Cartographie et MacMap®

L’utilisation de l’outil informatique dans la reconstitution régressive d’un parcellaire peut s’envisager sous différents aspects :

L’expression de ce type de besoins ouvre naturellement la voie à l’utilisation de logiciels dits « SIG ».

Cette dénomination peut en fait recouvrir des réalités très diverses, selon les interprétations, qui peuvent aller du SGBD Unix à interface ligne de commande (PostGreSQL/PostGIS dans le monde de l’OpenSource, Oracle Spatial), à des outils plutôt dédiés à la cartographie, parfois appelés « Cartographeurs » (Cartes et Données, d’Articque), en passant par les standards du marché en outil de type « bureautique » (MapInfo de MapInfo Corporation, la suite ArcView d’ESRI, GéoMédia d’Intergraph, et bien d’autres). Pour être exhaustif, il faut aussi parler des outils orientés vers le traitement d’images dites « Raster » (Idrisi), des outils de CAD (Autocad d’Autodesk, Microstation de Bentley), qui proposent généralement des fonctions complémentaires, voire des applications complètes dans leurs produits, et encore de nombreux applicatifs métiers12 basés sur des moteurs SIG (comme par exemple GIPS d’IBM, qui est adapté à la demande pour chacun des clients).

Le logiciel retenu pour cette reconstitution du parcellaire de Rots est MacMap®, qui présente la particularité de fonctionner sous Mac OS, et que l’on peut situer dans la catégorie « bureautique », entre les SIG standards et les « Cartographeurs ». Les atouts de MacMap® pour ce travail sont multiples, le principal résidant dans une interface utilisateur intuitive qui permet de mettre simplement en œuvre des requêtes spatiales et alphanumériques, ou des formules de calculs…

Les bases de données MacMap® sont structurées en types, chaque type correspondant à une thématique définie par l’utilisateur (par exemple les routes, symbolisées par des objets linéaires, des parcelles représentées en surfaces…). Chaque type est lui-même divisé en sous-types qui correspondent à des subdivisions d’une thématique (par exemple Autoroute, Nationale, Départementale… pour le thème routes), et est affecté de champs alphanumériques définis par l’utilisateur. L’utilisateur définit également les échelles auxquelles il visualisera sa base de données géographique. Chaque élément géographique saisi est affecté à un type (Figure 2, Figure 3)13.

L’utilisation de MacMap® dans cette étude

Processus de saisie des données géographiques

Le processus de saisie (sur écran ou sur table à digitaliser) des polygones correspondant aux parcelles est largement assisté par une série de fonctions assurant la cohérence topologique de la base de données géographique :

En pratique, pour la saisie des parcelles, on utilise donc les fonctions de jonction et nettoyage automatique pour la création d’une couche « Limites de parcelle » topologiquement cohérente, puis on associe ces linéaires pour générer automatiquement une couche « Parcelles ». La cohérence topologique assure l’exactitude de la couche « Parcelles » produite.

Il est également possible de saisir directement un parcellaire sous forme de surfaces, mais cette méthode s’avère plus longue, car toutes les limites communes à deux parcelles doivent être saisies deux fois.

Processus de saisie des données alphanumériques

Les données alphanumériques peuvent être saisies directement dans le SIG par la fiche de chacun des objets ou par l’intermédiaire du tableur de MacMap®. Il est également possible, et souvent préférable, d’effectuer la saisie sous tableur ou SGBD, puis d’importer les informations dans la base géographique à l’aide d’un identifiant commun aux deux bases.

Cartographie

MacMap® s’appuie sur quelques principes de généralisation, ainsi que sur une bonne intégration de la base de données aux modules cartographiques. Les combinaisons possibles sont extrêmement étendues puisqu’on peut stocker en base de données des caractéristiques de représentation pour chacun des objets (Couleurs, Taille de trait, Police de caractère,…) ou affecter une représentation par classe d’objet (en se basant sur le sous-type, par exemple, ou sur un autre champ de la base de donnée sur lequel on procédera à une discrétisation).

Les cartes publiées dans cet article permettent de donner un aperçu de la qualité du rendu graphique, et ce d’autant plus que MacMap® est capable de générer directement des fichiers EPS utilisables ensuite sous n’importe quel logiciel de DAO. Elles utilisent les renseignements du cadastre de 183514 ; une telle méthode est applicable aux renseignements du terrier de 1479.

Carte de la valeur foncière

Pour réaliser cette carte (Figure 4, Figure 4bis), nous disposions des informations « Valeur foncière » (en francs) et « Superficie » (en m2). Cinq étapes sont nécessaires :

  1. Réaliser une fonction de calcul simple sous MapCalculator : Valeur foncière/Superficie
  2. Créer un champ « Valeur foncière au m2 » dans le type parcelles.
  3. Renseigner ce champ avec le résultat de la fonction en utilisant « Remplir »
  4. Discrétiser la série statistique grâce au module « Univariée ». La méthode retenue est une discrétisation manuelle aux ruptures de pentes. La discrétisation consiste à effectuer la mise en classes d’une série statistique continue afin d’obtenir une série statistique discrète. La méthode de discrétisation aux ruptures de pente s’appuie sur le tracé de l’histogramme de la série statistique : on pose une limite de classe à chaque modification notable du profil de la courbe.
  5. Créer une représentation à partir de cette discrétisation, avec le module cartographique « Gradient de couleur ».

Carte de l’origine géographique des propriétaires

Pour réaliser cette carte (Figure 5), nous disposions de l’information « Commune d’origine » (noms des communes où résident les propriétaires des parcelles). Quatre étapes sont nécessaires pour réaliser cette carte :

  1. Ajout d’un champ numérique « Identifiant Commune »
  2. Codage manuel des communes en numérique, pour chaque parcelle.
  3. Créer une représentation à partir de cette discrétisation, avec le module cartographique « Gradient de couleur », en affectant une couleur à chaque identifiant (du moins pour les communes significatives).
  4. Ajout du nom et des localisations des communes à l’aide du module cartographique « Texte », en se basant sur le type « Communes ».

Analyse par carroyage

Pour cette étude, nous avons produit deux cartes d’évolution du parcellaire sur les périodes 1479-1666 (Figure 6) et 1666-1835 (Figure 7). L’objectif de ces cartes était de mettre en évidence les zones où les limites parcellaires sont modifiées. Nous en sommes venus à mettre en place une analyse par carroyage qui permettait de s’affranchir de plusieurs problèmes :

L’application du carroyage à ce cas permet de lisser les modifications sur un maillage régulier qui sera plus facile à interpréter.

Le processus de mise en place est assez simple :

  1. Création d’un type « Carroyage » et carroyage de la zone d’étude.
  2. On réalise ensuite une fonction de calcul intégrant une requête géographique, qui revient à sélectionner les delles appartenant à une époque recoupant un carreau donné, et à compter le nombre de delles par carreau. On répète cette opération pour l’époque suivante.
  3. On réalise une troisième fonction qui calculera le taux d’évolution par carré : (nbDellesT1 - nbDellesT0) nbDellesT1.
  4. On crée trois champs dans le type carroyage, dans lesquels on stocke le résultat des trois fonctions pour chacun des carreaux.
  5. On réalise une discrétisation de la série statistique « Taux d’évolution » grâce au module « Univariée » de MacMap®.
  6. On réalise une cartographie thématique des carreaux, basée sur cette discrétisation.

Chacune de ces étapes est prise en charge par une fonction dédiée de MacMap® qui permet d’automatiser le processus :

  1. « Créer le carroyage »
  2. « Éditer une Macro »
  3. « MapCalculator »
  4. « Format des fiches » et « Remplir »
  5. « Univariée » (Figure 4bis)
  6. « Gradient de couleur »

En résultat, on obtient une carte qui constitue une analyse globale des modifications, sur laquelle on relèvera par exemple la réduction du terroir de Rots sur la limite Nord-Ouest (Figure 6) ou encore la fragmentation des delles sur la partie centrale. Sur la période suivante (Figure 7), on constate au contraire une extension du terroir au Sud-Est et une diminution du nombre de delles par disparition de chemins et par regroupement. Cette analyse globale doit ensuite être complétée par une analyse fine pour l’explication finale des phénomènes.

On peut enfin noter que de telles analyses peuvent être mises en œuvre très simplement, y compris sur des zones beaucoup plus étendues, où elles trouvent toute leur utilité.

Autres applications possibles

MacMap®, comme la plupart des SIG actuels, est évolutif et dispose d’une interface de développement qui pourrait permettre d’aller plus loin dans l’aide à la reconstitution régressive d’un parcellaire. On pourrait par exemple partir d’une base de données contenant les delles ainsi qu’une modélisation des bordures de delles d’une part, et d’un fichier normalisé (format texte tabulé) décrivant les superficies et enchaînements des parcelles [annexe I] d’autre part. Ce type d’outil ne pourrait évidemment pas résoudre tous les cas, mais il semble possible d’obtenir une solution supervisée acceptable15, capable d’indiquer le taux d’erreur probable pour chaque reconstitution.

D’autres applications sont également envisageables dans le domaine des statistiques puisque MacMap® dispose d’outils permettant de réaliser analyses factorielles et classifications. Cela impliquerait en revanche de disposer de suffisamment de données numériques (avec éventuellement codage numérique des occupations du sol, propriétaires…) à propos des objets étudiés.

La reconstitution du parcellaire médiéval : l’exemple de la delle de la Fosse Grohan

Dans cette tentative de reconstitution régressive d’un parcellaire médiéval, la première étape vise à obtenir un dessin cadastral le plus conforme possible à la réalité, tant dans la forme que dans la mesure. On choisit pour cela d’utiliser une copie du plan cadastral contemporain : une fois dessiné sous MacMap®, il fournira la base de toute reconstitution et de tout emplacement d’objets plus anciens. On doit en effet être attentif à l’utilisation des cadastres du xixe siècle : ce sont avant tout des documents fiscaux dont le but principal est le relevé de la superficie et de la valeur des parcelles dans un tableau, que les géomètres ont alors atteint en ne se préoccupant pas systématiquement de l’exactitude morphologique ou métrologique, au contraire de leurs héritiers contemporains. De plus, dans le cas présent, le cadastre du xixe siècle n’est disponible que sous forme de photocopies de plans numérisés, ce qui accentue les déformations.

Les coordonnées Lambert servent de point d’appui pour reprendre le dessin du plan cadastral de 1835 sous MacMap®, à l’aide d’une tablette graphique. Cette étape au xixe siècle est nécessaire parce que le plan de 1835, qui fixe un état parcellaire antérieur aux remembrements des années 1950, offre une image plus proche des plans de l’époque moderne que le cadastre actuel. De plus, elle permet d’obtenir deux étapes de même durée : 169 ans de 1835 à 1666, 187 ans de 1666 à 1479. On peut ainsi répéter dans la seconde étape la méthode mise en place et validée dans la première, en supposant que les modifications auront été du même ordre durant le même laps de temps.

La delle choisie pour la démonstration est la delle de la Fosse Grohan, prolongée à l’est par la parcelle dénommée les Quatre Acres16 [Figure 8]. Elle offre des caractéristiques communes à la majorité des delles : elle est grossièrement rectangulaire, d’une superficie de 10,9 hectares ; elle est encadrée de deux chemins, la sente de la Fosse Grohan au nord, la sente du Clos Sortais au sud ; elle est découpée en parcelles allongées du nord au sud, toutes parallèles entre elles ; outre les chemins, elle est entourée de delles dont les parcelles sont orientées est-ouest, c’est-à-dire perpendiculaires aux parcelles de la delle de la Fosse Grohan, ce qui fournit un confront facilement repérable. Des caractéristiques spécifiques pourront servir de points de reconnaissance : elle est traversée par un troisième chemin, le chemin de Bretteville à Rots ; on observe au sud un décrochement : la parcelle 161 est une demie fois plus longue que la parcelle 162.

On repère dans le terrier de 1666 une delle de la Fosse Grehan, dont le micro toponyme est le plus proche du précédent. Il est impossible d’opérer avec ces seuls livres fonciers un rapprochement entre propriétaires : aucun nom ne correspond et les établissements ecclésiastiques ont disparu en 1835 (à l’exception du séminaire de Bayeux). On s’appuie donc seulement sur les mesures de superficie, rapportées en m2 en 1666 pour tenter une comparaison. Le tableau 2 détaille les rapprochements opérés de parcelle à parcelle : lorsqu’une continuité a été repérée, elle est indiquée par un cadre pointillé d’une parcelle à l’autre.

Tableau 2. Correspondance des parcelles entre 1835 et 1666
  1835     1666  
Propriétaire Sup. (m2) Propriétaire Sup. (m2)
136 le séminaire de Bayeux 28910 31 l’abbaye St-Étienne de Caen 25928
137 la veuve de Gilles Degron 2230 30 les obitiers de Rots 2106
138 Claude Degron 1620      
139 Jean Degron, dit Boisard 3610 29 Jacques Guéroult 4780
140 Jacques Delande, fils Gilles 5970 28 l’abbaye St-Étienne de Caen 5185
      27 Jacques Vaguet 3241
           
141 Pierre Le Peinteur 5740 26 Jacques Guéroult 3159
142 Philippe Dessillons 6600 25 les hoirs de maître Buhot 6563
143 Jean-Barthelémy Gervais 8090 24 la cure de Rots 8102
144 la veuve de Jean Blot 2450      
           
145 Pierre Larcher 2450 23 François Brunet 4861
146 la veuve de Pierre Pelpel 7830 22 l’abbaye St-Étienne de Caen 7535
147 Jean-Baptiste Gosselin 2080 21 les obitiers de Rots 2309
148 la veuve Roquère 1800 20 Jean Gouville 1782
149 Édouard-Désiré Dessillons 1810 19 les obitiers de Rots 1661
  [150 : néant]   18 l’abbaye St-Étienne de Caen 1458
           
151 Gilles-Augustin Delande 6870 17 Jean Gouville 4658
152 Étienne Doucet 960      
153 la veuve de Jean-D. Boitard 700      
154 Jean Huet 680      
155 François Boitard 1630      
156 Étienne Boitard 4070 16 les hoirs de maître Buhot 8021
157 Jean-Baptiste Gosselin 2340 15 Jean Gouville 2066
158 Jean-Barthelémy Gervais 1690      
159 Pierre Larcher 2000 14 les Croisiers de Caen 4294
160 Pénon 2430 13 les hoirs de Bonnet 2187
      12 la veuve Pacquet-Catouillet 5509
161 François Le Chandelier 8560 11 l’abbaye St-Étienne de Caen 2835
      10 les obitiers de Rots 1215
162 De Colombier 3590 9 Jacques Vaguet 1985
163 Jacques Noël 860      
164 Jean Degron 870      
165 Étienne Doucet 1750 8 la veuve Pierre Piet 3646
166 Jacques Masselin 6140 7 Jean de La Verge 5995
167 la veuve de Gilles Noël 2110 6 les obitiers de Rots 1620
168 Pinçon 2330 5 Gilles Fossart 2025
169 Gilles Bourdon 2670 4 les hoirs de Noël Le Compte 2592
170 Louis Perrette 3610 3 le trésor de Rots 3362
171 Jean Nicolle 1140 2 les hoirs de J. de La Niesse 1336
172 Pénon 5670 1 les hoirs de Bonnet 4577
  total 143860 m2   total 136593 m2
  total parcelles : 36     total parcelles : 31  

On a posé comme point de départ que la parcelle 31 [1666] de vaste superficie pouvait correspondre à la parcelle 136 [1835] ; cette parcelle nommée les Quatre Acres en 1835 mesure justement quatre acres en 1666. À l’autre extrémité de la delle, les superficies des parcelles 166 à 172 [1835] et 7 à 1 [1666] se succèdent à chaque époque dans une séquence relativement proche. La superficie totale de la delle est un indice supplémentaire : 14,38 ha en 1825, 13,65 ha en 1666, soit une différence de seulement 5,32 %. Enfin, toutes les parcelles se succèdent les unes après les autres et sont toutes bornées par deux chemins, la sente de l’Orme Brandin au nord et la sente du Fossey Catouillet au sud.

Le plan-terrier permet alors de valider cette hypothèse, tant dans la morphologie générale que dans la distribution des parcelles. La reconstitution « à l’aveugle », c’est-à-dire avec le texte seul, se superpose au dessin fait par l’arpenteur Pierre Gervaise en 1666. En particulier, le décrochement de la delle dans la parcelle 161 en 1835 correspond effectivement aux parcelles 11 et 12 en 1666. La différence minime de superficie totale est probablement le résultat d’utilisation d’instruments de mesure différents au xviie et au xixe siècles. La majorité des parcelles (dix-sept) a été transmise à l’identique entre les deux époques ; cinq parcelles de 1666 sont divisées en 1835 et deux parcelles de 1835 sont issues d’un regroupement de parcelles de 1666 ; la parcelle 27 [1666] aurait été divisée avant d’être rattachée en partie aux deux parcelles limitrophes, ce qui expliquerait la correspondance interne imparfaite des parcelles 26-28 [1666] et 140-141 [1835]. Enfin, comme le montre le tableau 3, le terrier de 1769 apporte une preuve supplémentaire en complétant la correspondance d’une époque à l’autre.

Tableau 3. Correspondance 1835-1769-1666
1835   1769   1666
Propriétaire Sup. (m2)
136 30 l’abbaye St-Étienne de Caen 27844 31
137 29 le trésor de Rots 2339 30
138 28 Gilles Degron, 2532  
139 27 Jacques Dupont 2532 29
140 26 l’abbaye St-Étienne de Caen 5175 28
        27
141 25 le sieur Lair 7150 26
142 24 Pierre Marie 6662 25
143 23 le sieur Bidard 7972 24
144        
145 22 le sieur Le Dart 5240 23
146 21 l’abbaye St-Étienne de Caen 7980 22
147 20 le trésor de Rots 2197 21
148 19 le sieur Petit-Gouville 1758 20
149 18 le trésor de Rots 1758 19
  17 l’abbaye St-Étienne de Caen 2056 18
151 16 le sieur Petit-Gouville 4496 17
152        
153        
154        
155        
156 15 le sieur Le Dart 7697 16
157 14 le sieur Petit-Gouville 2323 15
158        
159 13 Pierre Dessillons 3808 14
160 12 le sieur Penon 2181 13
  11 le sieur Dujardin 5284 12
161 10 l’abbaye St-Étienne de Caen 2957 11
        10
162 9 le sieur André 3565 9
163        
164        
165 8 les hoirs de Gilles Noël 3386 8
166 7 les hoirs de Jacques Masselin 6147 7
167 6 les obits de Rots 1831 6
168 5 le sieur Bidard, sr 2349 5
169 4 Jean Gibert 2491 4
170 3 le trésor de Rots 3119 3
171 2 les hoirs de Jacques Masselin 980 2
172 1 le sieur Penon 5436 1
    total 141265 m2  
    total parcelles : 30    

L’opération étant ainsi validée par sa vérification visuelle, on peut la reconduire dans le passage du terrier de 1666 à celui de 1479, pour lequel on ne dispose pas de plan. On repère dans le « marchement » de Rots une « delle de la Fosse Grohan » mentionnée aux folios 85 à 86v [annexe I].

L’expression jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre, répétée de parcelle en parcelle, prouve que la delle est partagée en lanières parallèles, comme en 1666 et en 1835. La superficie totale s’élève à 13,16 ha, soit une différence de 3,75 % par rapport à 1666. Là encore, le pourcentage est suffisamment minime pour autoriser la comparaison. Aux parcelles 1072 et 1090, les mentions sur le Mont de Ros et la Fosse Pinel correspondent aux noms des terres immédiatement au nord de la delle de la Fosse Grohan. Les biens d’institutions ecclésiastiques sont transmis à l’identique entre les deux époques : c’est le cas en particulier des possessions de l’abbaye Saint-Étienne de Caen, comme la parcelle 1094 [1479]-28 [1666] ; on reconnaît dans la parcelle 1098, la Coulture Goubert, cette parcelle de quatre acres qui perdure jusqu’en 1835. Le tableau 4 propose des correspondances entre les deux époques.

Tableau 4. Correspondance entre 1666 et 1479
  1666     1479  
Propriétaire Sup. (m2) Propriétaire Sup. (m2)
31 l’abbaye St-Étienne de Caen 25928 1098 le tresorier de l’abbaye 25928
30 les obitiers de Rots 2106 1097 les obis de Rots 2025
      1096 Rogier Gouville 2025
29 Jacques Guéroult 4780 1095 Thomas de Billy 2835
28 l’abbaye St-Étienne de Caen 5185 1094 le tresorier de l’abbaye 4861
27 Jacques Vaguet 3241 1093 La Rosiere-Bourguees 3241
      1092 Rogier Gouville 1620
26 Jacques Guéroult 3159 1091 la frarie St-Nicolas de Ros 1620
25 les hoirs de maître Buhot 6563 1090 Rogier Gouville 2430
24 la cure de Rots 8102 1089 Robin Guerard 2430
      1088 les hoirs de Colin Le Berruier 3241
      1087 Thomas Le Marchant 3241
23 François Brunet 4861 1086 Rogier Gouville 8102
22 l’abbaye St-Étienne de Caen 7535 1085 le tresorier de l’abbaye 8102
21 les obitiers de Rots 2309 1084 les hoirs de Colin Le Berruier 2430
20 Jean Gouville 1782 1083 Lyot Bize 1620
19 les obitiers de Rots 1661 1082 Jehan Sortés 1620
18 l’abbaye St-Étienne de Caen 1458 1081 l’obitier de l’abbaye 2025
      1080 le tresorier de l’abbaye 1620
17 Jean Gouville 4658 1079 Thomas Meriote 3241
      1078 Lyot Bize 1620
16 les hoirs de maître Buhot 8021      
15 Jean Gouville 2066 1077 Colin Gouville 8102
      1076 Thomas de Gron 2430
14 les Croisiers de Caen 4294 1075 Colin Thouroulde 2025
13 les hoirs de Bonnet 2187 1074 les hoirs de Lyot Jehan 2025
12 la veuve Pacquet-Catouillet 5509 1073 Guillaume Guillebert 4051
11 l’abbaye St-Étienne de Caen 2835 1072 le tresorier de l’abbaye 3241
10 les obitiers de Rots 1215 1071 la frarie St-Nicolas de Ros 1215
9 Jacques Vaguet 1985 1070 J. Gyeffroy et R. Dessillons 7592
8 la veuve Pierre Piet 3646      
7 Jean de La Verge 5995 1069 Jehan Gyeffroy 2430
6 les obitiers de Rots 1620 1068 la frarie St-Nicolas de Ros 2025
5 Gilles Fossart 2025 1067 Jehan Demoville 1620
4 les hoirs de Noël Le Compte 2592 1066 Jehan Vasse 2025
3 le trésor de Rots 3362 1065 les obis de Ros 2592
2 les hoirs de J. de La Niesse 1336 1064 Thomas de Gron 1215
      1063 Jehan Bridel 1215
1 les hoirs de Bonnet 4577 1062 Colin Bridel 2430
  total 136593 m2   total 131648 m2
  total parcelles : 31     total parcelles : 37  

Au total, la critique du fixisme parfois portée contre la méthode de reconstitution régressive semble trouver une justification puisque dans la morphologie générale de cette delle comme dans son organisation interne, les permanences l’emportent. On objectera que cet exemple, s’il est valable du point de vue méthodologique, n’est pas forcément reproductible dans ses conclusions. On a ainsi reconstitué le dessin des delles pour 1835 [Figure 9] et 1666 [Figure 10], et on propose pour 1479 une image vraisemblable qui demandera à être affinée en fonction des reconstitutions parcellaires à l’échelle supérieure [Figure 11]. Sur les cartes d’analyse par carroyage du nombre de delles entre deux époques [Figure 6, Figure 7], l’intensité des couleurs indique l’importance des transformations des limites parcellaires, créations en rouge ou suppressions en bleu. Ces cartes sont particulièrement intéressantes comme support visuel qui indiquerait dans quelle zone orienter une recherche affinée des modifications et de leurs causes. On constate que les modifications les plus importantes ont lieu soit au centre du finage dans les zones d’habitat (création de nouveaux habitats, particulièrement dans la période 1479-1666), soit dans les zones qui confinent aux autres communautés (extension du territoire de Rots vers l’est entre 1666 et 1835). Ces structures parcellaires évoluent plus lentement que la société qui les utilise : une étude plus large montrerait particulièrement les changements dans l’utilisation du sol (développement des cultures spéculatives comme la guède), dans les techniques agricoles (introduction des légumineuses et modification de la rotation des cultures), dans le paysage (développement des haies), etc.

Les hypothèses morphologiques avancées dans les tableaux précédents sont cartographiés [Figure 12, Figure 13, Figure 14] : les figures 12 à 14 représentent, à trois époques différentes, la delle de la Fosse Grohan et celles immédiatement voisines à l’est et au nord, dénommées en 1835 la delle du Moulin à Voide, le Clos, la delle du Clos Sortais, la Butte de Bretteville et le Champ aux Bœufs. En effectuant ce travail pour chacune des delles, on peut ainsi progressivement reconstituer le réseau parcellaire dans tout le territoire de la baronnie de Rots.

Cette recherche, nécessairement micro-historique et micro-géographique, s’appuie sur la reconstitution minutieuse d’un parcellaire médiéval à l’aide de la cartographie régressive. La confection d’un corpus documentaire typologiquement et géographiquement homogène, ainsi que l’utilisation prudente de la méthode régressive, permettent d’aboutir à la construction d’une image complète du parcellaire médiéval. La reconstitution de la forme parcellaire est une étape vers l’étude plus large du paysage comme source historique. Cette étude nécessite, comme pour l’interprétation d’un texte, comme ailleurs dans la recherche historique, de confronter les sources cartographiques, archéologiques et textuelles, de construire une méthode scientifique, de définir les outils de l’analyse géographique, à partir d’un logiciel comme MacMap®.

Bibliographie

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Jarry Thomas, « Pierre Gervaise et le paysage de la Plaine de Caen au xviiie siècle », dans Les paysages ruraux en Normandie, Actes du XXXVIIe congrès organisé par la fédération des Sociétés historiques et archéologique de Normandie (Pont-Audemer, 17-20 octobre 2002), Jean-Paul Hervieu, Gilles Désiré dit Gosset et Éric Barré, éds., Caen, 2003 (Annales de Normandie), p. 33-53.

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Plaisse André, L’Évolution de la structure agraire dans la campagne du Neubourg, Paris – La Haye, 1964 (Cahiers des Études Rurales, 2), 127 p.

Skelton Raleigh A et Harvey Paul D. A. éds, Local Maps and Plans from Medieval England, Oxford, 1986, 376 p.

 

Annexe 1. Annexe In du « marchement » de Rots (Arch. dép. Calvados, H 3226, fol. 85-86v, articles 1062 à 1098).

La delle de Fosse Grohan commenchant aux butieres de la delle du Pendant de Longueville.

1062 1059. Colin Bridel par sa mere fille au Berruier, 1 v. 1/2 a dixme, du fieu Semyon, jouxte les butieres dessus dites d’une part, et la sequente d’autre. Et est de la vavassourie aud. Colin tenue dud. fieu.

1063 1060. Jehan Bridel, 3 quars a dixme, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et est de lad. vavassourie Bridel tenue dud. fieu Semyon.

1064 1061. Thomas de Gron pour Butor, 3 quars a dixme de lad. vavassourie, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1065 1062. Les obis de Ros, 1 v. 1/2 a dixme, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1066 1063. Jehan Vasse, 1 quart de 5 v. a campart qui fut Guillaume de La Porte, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Acquis de Guillaume Pinel qui l’a vendu a dixme, et il est trouvé a campart sur le tenement aud. Porte demourant a Courcelles, comme appert par le livre blanc.

1067 1064. Jehan Demoville, 1 v. a campart acquise de Robin Sortés, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Goret Sortés l’acquist avecques autre vergié et demie par 35 s. avecques les rentes de Saint Estienne devant Vernay l’an 1400 le 3e de may.

1068 1065. Saint Nicolas, 1 quart de 5 v. a dixme du vacre, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Rendue de lad. dixme par Guillaume Dessillons et Rogier Gouville, et signee Jehan Bellé, et par le livre.

1069 1066. Gyeffroy Jehan, 1 v. 1/2 a campart qui fut Alain Jehan, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et fut a Colin Lovier. Rendue par led. Alain, signee Ricart Picot.

1070 1067. Led. Gyeffroy, 1068. Messire Robert Dessillons, par acquisition de Jehan Jehan dit Le Piere, 1/2 9 v. a dixme du vacre qui furent Alain Jehan et a Thomas Jehan fils Colinet Jehan, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Rendue par led. Alain, signee Ricart Picot. Nota 4 v. 1/2 de lad. dixme du vacre par le livre de Ros sur le tenement Colin Lovier.

1071 1069. Saint Nicolas, 3 quars a dixme du vacre, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Rendue par les faisances de la Charité, l’an 1406, signee Jehan Bellet.

1072 Sur Le Mont de Ros. 1070. Le tresorier, 1/2 a. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et est du demaine de la seignourie par le livre de Ros, ou il met jouxte Saint Nicolas d’une part, et les prebstres et clers de Ros d’autre.

1073 1071. Guillaume Guillebert, 1/2 5 v. a campart plus longues, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et furent Jehan Saalles par eschange, et en devant a Barbey qui les fieffa de Guillaume de La Porte.

1074 1072. Les hoirs Lyot Jehan, 1 quart de 5 v. a campart qui fut Butor, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1075 1073. Colin Thouroulde, 1 quart de 5 v. a campart qui fut Alain Sortés, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et fut Guillaume Hay par le livre de Ros.

1076 1074. Thomas de Gron pour led. Butor, 1 v. 1/2 a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Du villenage Goret Pinel qui fut Lambert.

1077 1075. Colin Gouville, 5 v. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Donc une vergié vers la sequente est du villenage plain Robin Guerard.

1078 1076. Lyot Bize pour de Ros, 1 v. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1079 1077. Thomas Meriote pour L’Emperiere, 1/2 a. a campart, jouxte la precedente d’une part. Et est de l’avenage Jehan Gouville par le livre de Ros.

1080 1078. Le tresorier, 1 v. a campart par deffaut de homme, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et fut a Colin Le Cornu par sa femme, et a La Benoiste comme l’en dit.

1081 1079. L’obitier, 1 quart de 5 v. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1082 1080. Jehan Sortés, 1 v. a campart qui fut messire Guillaume de La Porte, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1083 1081. Lyot Bize, 1 v. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Acquise de Jehenne fille Sanxon de Ros mere Jehan Ruault. Et est de la juree au Cloutier.

1084 1082. Les hoirs Colin Le Berruier, 1 v. 1/2 a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et fut Guillaume de La Porte.

1085 1083. Le tresorier, 5 v. a campart qui furent Jehan Ruault, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Donc demie acre devers la sequente fut aud. Ruault et du villenage Goret Pinel qui fut Lambert. Et les autres trois vergiés furent aud. Lambert.

1086 1084. Rogier Gouville, 5 v. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Escriptes sur le tenement Rogier Gouville en livre de Ros.

1087 1085. Thomas Le Marchant, 1/2 a. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et l’a acquise de Gyeffroy Jehan. Et est du villenage Goret Pinel comme appert par la rendue Alain Jehan, signee Ricart Picot.

1088 1086. Les hoirs Colin Le Berruier par acquisition de Brunet, 1/2 a. a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et est du villenage Jehan Brunet qui fut au Machecrier par sa femme.

1089 1087. Robin Guerard pour Jehan Blondel de Caen, 1 v. 1/2 a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et fut Goret Pinel et du villenage aud. Pinel qui fut Lambert par le livre ancien de Ros, et du decret.

1090 La Fosse Pinel ou du Valet. 1088. Rogier Gouville, 1 v. 1/2 a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Dud. villenage Pinel par led. livre.

1091 1089. Saint Nicolas de Ros, 1 v. a dixme du vacre, jouxte led. Gouville d’une part, et la sequente d’autre. Rendue par Guillaume Dessillons et Rogier Gouville l’an 1406, Jehan Bellet.

1092 1090. Rogier Gouville, 1 v. a dixme, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1093 1091. La Rosiere fille Guillaume Bourguees, 1/2 a. a dixme du vacre, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et fut Guillaume Cauvin par le livre de Ros.

1094 1092. Le tresorier, 3 v. a dixme, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et sont du demaine par le livre de Ros.

1095 1093. Thomas de Billy par eschange de La Blouete, 7 quars a campart, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre. Et en doit par chacun an au tresorier 9 d. de cens a la Purification etc.

1096 1094. Rogier Gouville, 1 quart de 5 v. a dixme, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1097 1095. Les obis ou Saint Nicolas de Ros, 1 quart de 5 v. a dixme, jouxte la precedente d’une part, et la sequente d’autre.

1098 1096. Le tresorier, 4 a. a dixme nommees La Coulture Goubert, jouxte Saint Nicolas par le livre ancien d’une part, et les butieres de la delle ensuivante d’autre.

Arch. dép. Calvados, H 3226, fol. 85 à 86v ; transcription et édition Th. Jarry, novembre 1999.

Les nombres en gras correspondent à la numérotation de l’éditeur sur l’ensemble du manuscrit.

Liste des tableaux

Tableau 1. Conversion des mesures de superficie antérieures au système métrique.

Tableau 2. Correspondance entre 1835 et 1666.

Tableau 3. Correspondance 1835-1769-1666.

Tableau 4. Correspondance entre 1666 et 1479.

Liste des figures

Figure 1. L’ancienne baronnie de Rots.

Figure 2. Parcellaire de Rots en 2004.

Figure 3. Parcellaire de Rots en 1835.

Figure 4. Valeur foncière des parcelles en 1835.

Figure 4bis. Discrétisation de la série statistique.

Figure 5. Origine géographique des propriétaires : communes limitrophes.

Figure 6. Analyse par carroyage du nombre de delles (1479-1666).

Figure 7. Analyse par carroyage du nombre de delles (1666-1835).

Figure 8. Zone étudiée (situation en 2004).

Figure 9. Delles en 1835.

Figure 10. Delles en 1666.

Figure 11. Delles en 1479 (hypothèse).

Figure 12. Zone étudiée en 1835.

Figure 13. Zone étudiée en 1666.

Figure 14. Zone étudiée en 1479.

Notes

1 Pour les exemples britanniques, voir Skelton et Harvey 1986.

2 Il s’agit du plan parcellaire représentant une partie du territoire d’Allemagne en 1477 (actuelle commune de Fleury-sur-Orne, Calvados, arr. et cant. Caen) ; Jarry 2005.

3 Calvados, arr. Caen, cant. Tilly-sur-Seulles.

4« Trado igitur praefato coenobio villas juris mei Ceusium, Ros, Alamanniam, Pontem Dive, Cathburgum… », Arch. dép. Calvados, H 1830, n°1 ; Bates, 1998, p. 217 ; Musset, 1967, p. 59.

5 Sur l’arpenteur Pierre Gervaise et son œuvre, voir Jarry 2003.

6 Arch. dép. Calvados, H 3259.

7 Centre des impôts fonciers et service du cadastre, 14 0 543 Rots.

8 Arch. dép. Calvados, 3P 6109.

9 En 1964, André Plaisse consacre une partie de son ouvrage aux « problèmes de méthode ». Il commence avec optimisme par écrire que « depuis un peu plus d’un siècle, grâce au Service du Cadastre, écrire l’histoire des mutations de la propriété foncière est devenu un jeu aussi facile que celui qui consiste à dresser un arbre généalogique : plans parcellaires, états de section et matrices cadastrales, non moins que les registres de l’état civil, constituent autant de documents qui permettent au chercheur de s’orienter » (p. 29) ; puis il tempère en précisant que « bien souvent, la Révolution française marque le terme d’un pareil exercice : dès que le chercheur aborde la période dite de l’Ancien Régime, s’il ne dispose pas d’aveux (…), et s’il n’a pas la chance, surtout, de découvrir un terrier décrivant la région qu’il prospecte, il ne dispose plus d’aucun fil d’Ariane pour le guider » (p. 29). (Plaisse, 1964)

10 Arch. dép. Calvados, H 3254.

11 Navel, 1948-1951, p. 150.

12 Les « applicatifs métiers » sont des logiciels réalisés à partir d’un logiciel de base auquel on ajoute des fonctions et/ou une interface spécifique pour une utilisation particulière. (ex : SémioMap® basé sur MacMap® et dédié à la gestion de la signalisation sur les axes routiers).

13Les figures 2 et 3 donnent les parcellaires de Rots en 2004 et 1835, dessinés sous MacMap®. Chaque « objet » (parcelle, voie, etc.) correspond une fiche de renseignements : toponyme, propriétaire, superficie, nature de l’occupation du sol, valeur foncière, etc

14 Arch. dép. Calvados, 3P 6109.

15 Une solution supervisée est un processus qui se déroule de manière automatique, mais demandant le contrôle ou l’expertise de l’utilisateur dans les cas ambigus.

16 Centre des impôts fonciers et service du cadastre, 14 0 543 Rots, section AX, parcelles AX 6, 7, 8 et 9.