Le Médiéviste et l’ordinateur
Le Médiéviste et l’ordinateurHistoire médiévale, informatique et nouvelles technologies
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N° 43, 2004 : L’édition électronique

Éditorial

Auteurs

Élisabeth Lalou
Elisabeth.lalou@univ-rouen.fr
Professeur d’histoire médiévale à l’université de Haute-Normandie

Thierry Buquet
buquet@cnrs-orleans.fr
CNRS-IRHT

Citer cet artcile

E. Lalou et T. Buquet, « Éditorial du dossier consacré à l’édition électronique », Le Médiéviste et l’ordinateur, 43, 2004 [En ligne] http://lemo.irht.cnrs.fr/43/43-14.htm

Voici donc le Médiéviste et l’ordinateur tout électronique. Quand nous avons commencé à réfléchir à ce numéro consacré à l’Édition électronique, en 2002, nous nous sommes laissés aller aux rêves les plus débridés, aux différents états du désir que représente tout désir de révolution : notre numéro, qui traite justement de l’édition (de plus la revue devenant elle-même uniquement électronique), allait être expérimental, imaginant de nouvelles interfaces de consultation, de nouveaux espaces de lecture, de nouvelles interactivités. Ces désirs « utopistes » ont été confrontés à des réalités prosaïques et des contraintes habituelles de l’édition. Au final, ce n° 43 ne révolutionnera sans doute pas grand-chose au niveau « formel », l’évolution pratique de l’édition en ligne allant sans doute aussi lentement que la réflexion générale sur les enjeux techniques et scientifiques de ces nouveaux types de publications.

Nous voilà deux bonnes années plus tard. Tout le monde parle aujourd’hui d’édition électronique. Ah oui ! Le sujet est dans l’air. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Que recouvrent les termes d’édition ou de publication en ligne ? La première partie du numéro est donc consacrée à la définition de l’édition électronique : trois webmestres médiévistes, C. Ducourtieux, webmestre de Ménestrel et du LAMOP, G. Poupeau, webmestre du site de l’École des chartes et T. Buquet, webmestre de l’IRHT nous apportent leurs réflexions et informations techniques nécessaires à la compréhension et l’évaluation des enjeux.

Nous avons ensuite décrit quelques productions électroniques : éditions savantes ou corpus en cours de constitution : les revues mais aussi les bibliothèques virtuelles – et l’on a repris là ponctuellement la question de la définition (une bibliothèque virtuelle est-elle une édition électronique ?).

Quelques outils nouveaux ont ensuite été mis en valeur : outils d’un nouveau type, dont l’utilisation est encore peu fréquente et qui sont assurément appelés à connaître un développement important dans les années futures.

Du côté des usages, là encore, nous sommes dans les débuts d’une pratique. M.-J. Gasse-Grandjean nous parle de l’expérience faite par la mise en ligne de sa thèse.

Du côté du MO, lui-même devenu une édition uniquement en ligne, que s’est-il passé ? Le travail de secrétariat de rédaction et de relecture est resté le même. La mise en page a été simplifiée sous Word pour permettre une bonne conversion en HTML, sans tenir compte des contraintes de la page et de l’impression. Il y a plus de possibilité de mettre des images couleurs. Mais le MO était déjà en ligne depuis 10 ans, et souvent un enrichissement des articles était opéré à ce niveau : cela n’a pas finalement beaucoup changé. Nous nous sommes simplement affranchis du papier, des photocopies, des envois postaux, à la grande joie des services administratifs et comptables de l’IRHT. Pour remplacer le service d’abonnement, une newsletter électronique a été mise en place, et compte aujourd’hui 185 abonnés, soir environ un tiers du nombre d’exemplaires papier précédemment envoyés. Sur ces 185 abonnés, nous avons compté environ 70 anciens abonnés à la version papier. Les autres ont souscrit à la newsletter directement par la consultation des sites web de l’IRHT. S’il y a eu perte potentielle d’abonnés, un nouveau public a manifesté son intérêt pour la revue. Les statistiques de consultation nous diront l’évolution de notre lectorat « en ligne ». Avec la nouvelle version du site, la revue s’est enrichie d’un outil de recherche, et d’une maquette plus respectueuse des standards actuels du web, même s’il reste encore beaucoup à faire de ce côté-là. Nous avons fait le choix de ne pas diffuser les articles voire le numéro entier en PDF, malgré quelques demandes de nos lecteurs, pour privilégier la simplicité et la légèreté du HTML dans le cadre d’une maquette entièrement mise à jour.

Et vous, lecteurs, comment allez-vous lire ce numéro ? Le tirer entièrement sur papier pour le lire dans le train ou le RER ou le métro ? Parcourir le numéro et ne retenir (et imprimer) que l’article qui vous aura attiré ?1 Quelques-uns peut-être, qui ne sortent jamais sans leur ordinateur portable, le liront sur écran.

Nous vivons sans doute, dans le domaine de l’édition scientifique, une véritable révolution. C’est peut-être pourquoi il y a du rouge dans notre nouvelle maquette. À nous, scientifiques et personnels de la recherche d’en mesurer les enjeux et de prendre nos responsabilités avant que d’autres ne fassent pour nous et nous imposent des choix éditoriaux ou techniques trop éloignés des réalités scientifiques. Puisse ce numéro 43 aider les médiévistes à mieux mesurer les enjeux, au-delà de toute idéologie ou d’une vaine rivalité entre papier et électronique.

Notes

1 La mise en page des articles pour l’impression a été réalisée par les feuilles de styles CSS, dans une apparence différente de celle de l’écran