Le Médiéviste et l’ordinateur
Le Médiéviste et l’ordinateurHistoire médiévale, informatique et nouvelles technologies
n° 39 (Hiver 2000) : La musicologie médiévale et l’ordinateur

Previous Page Table Of ContentsNext Page

Informatisation des documents d'Archives relatifs à l'Histoire de la Musique du Moyen Âge et de la Renaissance (IDAHMMAR)

François Reynaud

(CNRS / Tours, CESR)

 

Sources historiques et narratives

Informatisation des documents d'Archives relatifs à l'Histoire de la Musique du Moyen Âge et de la Renaissance (IDAHMMAR)

 

L'idée d'une base de données informatisées internationale affectée à la gestion des documents extraits des archives m'est venue pendant que je travaillais à ma thèse de doctorat d'Etat et que s'accumulait dans mes fichiers traditionnels la documentation extraite des archives ecclésiastiques et notariales de Tolède (1). Quand commencèrent mes recherches, dans les années 1970, l'outil informatique était balbutiant et j'adoptai la vieille et bonne méthode éprouvée des fichiers manuels. À la même époque, en 1975, le RENARC, pionnier dans ce domaine, voyait le jour avec des bordereaux de saisie rébarbatifs économisant au maximum les octets, tenant compte des limites de capacité de mémoire des machines. L'entreprise, qui fédérait des musicologues renommés, fut poursuivie plusieurs années et cessa faute de moyens (2).

En exploitant mes trois fichiers manuels : chronologique, personnes et matières durant tout le temps de la rédaction de mon travail, je me rendis compte de leur réelle fiabilité, fondée sur le repérage instantané de la source mère incluse au fichier chronologique. Frappé de l'aisance avec laquelle je pouvais retrouver tous les documents relatifs à un thème d'étude ou plus simplement à un même individu, je projetai une base de données informatisées fondée sur la même conception des liens que le fichier manuel, avec, pour énorme avantage par rapport aux fiches de bristol, la rapidité de la recherche et du tri lors de l'exploitation. Mon souhait était aussi que cet outil servît à saisir en direct le document sur son lieu de conservation avec un ordinateur portable, le traitement de l'information pouvant se faire ultérieurement. Proposer aux historiens de la musique dépouillant des fonds d'archives un outil commun performant et constituer, au fil des ans, une documentation exhaustive uniformisée ne relevait peut-être pas de la pure utopie.

Avant même d'être rattaché au CESR de Tours, j'avais fait part de mon projet à Jean-Michel Vaccaro. Il l'avait immédiatement retenu comme l'une des composantes du programme RICERCAR, imposante base de données sur la musique française de la Renaissance dont il assurait la direction.

Ignorant tout de l'informatique, mais conscient du bien fondé de ma démarche, j'ai d'abord choisi de travailler sous 4D version Mac. Après bien des moutures, la structure originelle de la base, beaucoup trop lourde, a été progressivement allégée pour revenir aux trois fichiers indispensables dont je viens de parler. Retour obligé à la case départ et incitation à l'humilité.

En 1999, une convention entre l'IRHT, où le projet était né, et le CESR de Tours nous a permis de beaucoup avancer, avec la collaboration de Nicolas Sevin, élève de l'école d'informatique de Limoges. Une nouvelle structure de la base a été développée sous Access PC en juin et juillet 99 sous la direction de Jacques Moureton, responsable du service informatique de l'IRHT qui a accueilli le stagiaire.

 

Structure de la base

Elle se compose de 7 tables et reproduit pour l'essentiel la structure du fichier manuel. La table « patrie » est la clé primaire, portant le nom du pays, la table « personnages » correspond au fichier onomastique manuel, la table « objets » au fichier matières manuel, la table « sources » au fichier chronologique manuel. Chaque table comporte le minimum d'informations indispensables.

Deux autres tables sont des index : la table « index 1 » qui est liée à la table « personnage » et regroupe leurs fonctions (un individu peut occuper plusieurs fonctions ou emplois). Elle fait le lien entre le fichier « personnages » et le fichier « objets » et permet d'établir une relation de plusieurs à plusieurs. La table « index 2 » ne sert qu'à établir le lien entre le fichier « objet » et le fichier « sources » : à un objet correspondent une ou plusieurs sources et à une source peuvent correspondre un ou plusieurs objets. Un fichier « remarques », sans interaction sur les saisies, permet de stocker de l'information scientifique émise sur réseau et répercutée éventuellement dans la base par ses administrateurs.

Le dictionnaire

Indispensable pour donner à IDAHMMAR une dimension internationale, c'est un outil d'exploitation qu'il faut enrichir au fur et à mesure. Il a été conçu pour pouvoir exploiter la base dans quatre langues : français, anglais, espagnol et italien, avec extension possible à d'autres, et pouvoir ainsi faire, à plus ou moins long terme, de l'histoire thématique comparée. On peut l'alimenter à l'aide du Terminorum musicae index septem linguis redactus (3) bien connu des musicologues. Une table centrale contient le mot saisi dans la base, dans la langue du document. Il faut y entrer les traductions équivalentes ou les synonymes existant dans les autres langues.

La saisie des sources

Un écran permet de saisir le texte des documents d'archives in situ, avec indication des lieux, dépôts, fonds, date. Une rubrique supplémentaire permet d'indiquer une source littéraire, s'il s'agit par exemple d'un texte tiré d'une chronique. En cliquant sur le bouton « nouveau », on créée un nouveau document. Une liste déroulante permet de se déplacer dans les documents pour les relire ou les corriger.


Le traitement des sources

Il faut d'abord sélectionner le pays de la langue du document ou le créer s'il n'existe pas. Chaque fois que l'on changera de langue, refaire cette opération. Le formulaire qui apparaît ensuite regroupe à l'écran quatre fenêtres : 1. les sources déjà saisies et à traiter, avec leur repérage ; 2. les personnages ; 3. les objets ; 4. la liaison personnage/ objets/ fonction. Chaque fenêtre possède deux boutons : « nouveau », sur lequel on clique chaque fois que le personnage ou l'objet changent, et « supprimer », si l'on veut corriger une erreur commise.


Ordre des opérations de saisie

On sélectionne la source à traiter avec le menu déroulant « recherche source ». Dans la fenêtre objet, on clique sur « nouveau ». Avec le déroulant, on sélectionne un objet existant ou l'on en crée un à partir du champ « objet ». La marche à suivre est la même pour ce qui concerne la fenêtre « personnage ». On établit ensuite la liaison personnage/objet/fonction en sélectionnant l'objet concerné avec le déroulant et on recherche la fonction ou bien on la crée si elle n'existe pas encore. Pour traiter un autre objet relatif au même document, en conservant la même source dans la fenêtre « sources », on fait « nouveau » dans la fenêtre objet, on saisit comme expliqué ci-dessus et on fait de même pour les deux fenêtres suivantes.

Pour les documents « anonymes », on se contentera de remplir la fenêtre « objets ». Tous les enregistrements sont validés au fur et à mesure de la saisie. Il faut un petit temps d'adaptation pour retenir les procédures de saisie à cause de leur caractère fugitif, l'information n'étant pas consultable en fiche pour éviter les redondances (répétition de la source ou de l'objet selon la règle N vers 1).


La consultation de la base

Plusieurs choix de consultation sont possibles : 1. une consultation générale, regroupant les rubriques des différents fichiers ; 2. une consultation par personnage, avec un déroulant pour interrogation sur un personnage précis et les informations liées à ses fonctions et aux objets des documents dans lesquels il est impliqué ; 3. une consultation par sources, avec le texte des documents et ses repérages ; 4. une consultation des objets sans personnages nommément désignés dans le texte.


Recherches et tris

Les fonctions classiques du logiciel s'appliquent à la base IDAHMMAR : tris alphabétiques croissants et décroissants, recherche par mots, etc.


Maintenance de la base

Accessible aux seuls administrateurs, elle permet
1. une mise à jour des enregistrements en versant les données accumulées par les différentes personnes qui saisissent ;
2. le contrôle des tables ;
3. la recherche et l'élimination des doublons.


Évolution de la base

Il est possible de mettre la base en réseau. Access peut opérer la conversion au format HTLM , donc l'installation sur l'intranet ou l'internet.

Si cet outil, en cours de perfectionnement, a été conçu pour contribuer à l'histoire de la musique, il reste applicable à toute recherche fondée sur des sources d'archives, quelle qu'en soit l'époque.

 


NOTES :

1 . François Reynaud, La polyphonie tolédane et son milieu, des premiers témoignages aux environs de 1600, Brépols/CNRS éditions, 1996, 525 p, transcriptions musicales et index.

2 . Leeman L. Perkins, RENARC, « A Data Base of Archival References Concerning Music and Musicians of the Renaissance » Acta Musicologica, vol LIX, 1987, fasc. III, p. 300-307

3 . Leuchtmann, Horst (éd.) (Budapest : Akad. Kiadó ; Kassel : Bärenreiter, 1978).

Previous PageTable Of ContentsNext Page

© CNRS - IRHT 2004 - Contacts - Infos légales - Rédaction